(POST DE CAMÉLIA)

Elle se balade à travers les rues de Wellington, l'air guilleret, pour rejoindre un ami qui lui est cher. Wolfgang, un homme qu'elle fréquente dès qu'ils peuvent se retrouver, qui lui apporte une aide bénéfique chaque jour de sa vie. Avec lui, elle a la sensation de revivre, surtout après avoir eu une liberté brimée avec son ex-mari. Une main posée contre son ventre, elle marche, parcourt des yeux les vitrines des magasins, se laisse même tenter par de jolies robes qu'elle ne peut plus porter. Son ventre dépasse les tailles qu'ils proposent. Pourtant elle ne regrette même pas sa taille mannequin, ses hanches fines et son corps de rêves. Elle est émerveillée et remplie d'amour envers ce bébé, au profit des vergetures et des nausées. Rien ne vaut le bonheur de devenir maman. Alors un sourire aux lèvres, elle se déplace, avant de tomber péniblement sur l'être qu'elle exècre probablement le plus : Sebastian Lewis. Celui qui a gâché sa vie, qui a tout fait bousculer dans son couple, qui a engendré leur divorce. Ils auraient pu former une famille avec Adrian et cet enfant, mais ce type a modifié leurs plans. Cette fois, elle ne le laissera pas exterminer le sourire qu'elle a su forger sur ses lèvres depuis quelques semaines. « Salut. » Elle ne l'aurait certainement pas calculé s'il ne s'était pas arrêté net devant son gros ventre. Il semble étonné. Il l'observe attentivement, avec des yeux qui ne laissent pas prétendre à de l'admiration. Camélia saisit rapidement qu'il n'était même pas au courant de cette naissance. « Oui je te l'accorde, c'est étonnant. Cela fait 7 mois, il a encore un peu de chemin à effectuer. » Elle lui dévoile par la même occasion qu'il s'agit d'un garçon. Son sourire le plus fier orne sa bouche, car avoir obtenu ce bébé est la meilleure des choses pour elle.

L’absence d’Adrian est toujours difficile à supporter. Bien que cela ne fasse que trois jours qu’il a quitté la ville pour des raisons professionnelles, Sebastian a l’impression que des semaines se sont écoulées. Il est difficile de se tenir loin de lui, d’autant plus lorsque ce sentiment de dépendance se fait si profond. Les secondes et les minutes s’égrainent et l’artiste vague à ses occupations comme toujours. Il doit rejoindre les gars de son groupe pour répéter sur un nouveau morceau. Cela lui permet d’oublier que ce soir, il finira de nouveau seul dans les draps de cette maison qu’ils ont achetée dernièrement. Il parcourt les ruelles du centre-ville, échange quelques SMS avec son amant avant de s’engager dans une nouvelle voie. Il laisse ses prunelles parcourir la foule lorsque son corps et son esprit se figent, lui donnant l’effet d’une douche froide. Il ne peut faire autrement. Ce ventre rond qui laisse présumer d’une maternité avancée, ces traits radieux qui émettent un bonheur ressenti, ce visage qui ne lui est pas inconnu. Devant lui se tient l’ancienne épouse de l’homme de sa vie, de cette personne qui l’a quitté pour honorer un de ses besoins. Le cœur de Sebastian vacille. Cette vision le décontenance, le questionne. Il sent que cette maternité n’est pas récente, mais il n’a aucun doute sur le fait qu’il ne s’agit pas de l’enfant d’Adrian. Jamais son ami et amant ne lui aurait caché une telle vérité. Seulement, l’insistance de son regard semble avoir intrigué la jeune femme qui le salue. « Salut. » Il exprime dans une voix déroutée par ce spectacle qu’il a sous les yeux. Elle lui annonce fièrement sa maternité, stipule la durée, qui peur que rendre cette sensation désagréable plus vive. « Félicitations. » Il commente dans cette voix toujours aussi faible. « Sept mois ? Dois-je comprendre que tu as fait preuve d’infidélité pour l’obtenir ? » Il questionne, car il est à cet instant convaincu qu’il ne peut pas s’agir d’Adrian. Il ne peut qu’en être autrement.

(POST DE CAMÉLIA)

La jeune femme tente de retrouver un bonheur qui s'est échappé de son cœur depuis longtemps. Elle s'exécute en savourant le souffle du vent contre son visage, en se guidant vers une destination toute particulière. Elle essaye de remonter la pente, après avoir chuté au fond du gouffre. Son divorce a été difficile, s'étant retrouvée seule et dépourvue d'aides financières. Heureusement que Wolfgang lui a tendu la main face à cette étape complexe de son existence, sinon elle se serait perdue en route. Elle n'a plus l'intention de laisser un homme ruiner sa vie ou son cœur, elle a décidé de devenir une femme forte. C'est pourquoi, lorsqu'elle croise l'homme qu'elle déteste, elle garde la tête haute pour ne pas lui laisser le loisir de la briser une énième fois. Sebastian ne sera plus l'auteur de ses blessures. Alors qu'il semble surpris de sa maternité avancée, elle ne lésine pas sur les mots pour lui faire comprendre de manière subtile qu'il provient d'Adrian. « Merci. » Elle déclare poliment, un sourire éclatant qui ne quitte pas ses lèvres. « Oh non je n'ai pas eu besoin. Adrian a accepté d'être le père. » Il semble véritablement surpris de découvrir qu'il est son enfant, ce qu'elle n'hésite pas à titiller tant elle déteste cet homme. « Il ne te l'a pas dit ? » Elle l'interroge toutefois de manière faussement étonnée, ayant compris qu'il était loin de la vérité. « Je croyais que vous étiez meilleurs amis. Vous vous êtes disputés ? » Elle demande avec une pointe de curiosité, plutôt dans le but de lui faire comprendre qu'il a été trahi. Elle pose seulement une main contre son ventre rond, restant sérieuse devant son air ébahi. Elle jubile à l'intérieur, rien que d'avoir formé un fossé entre les deux, pour la première fois, mais elle ne sourit pas. Elle reste humble malgré tout. Faussement, en tout cas.

La découverte est effarante. Il a du mal à en prendre conscience. Il ne sait pas quoi penser du spectacle qui se présente sous ses yeux. Cette maternité, il n’y est pas préparé. Adrian ne l’a jamais évoqué. Pourtant, il n’a aucun doute sur la sincérité de son meilleur ami, de cet homme qui chavire son cœur et lui offre un bonheur savoureux. Seulement, il y a cette sensation désagréable qui lui prend les tripes, qui le désarme comme jamais. Il se sent faible, incapable de réfléchir. Il a juste besoin de comprendre ce qu’il se passe. Il suppose des faits qu’il juge cohérents en vue de la situation. Elle n’a pu que commettre de l’infidélité pour être enceinte pour cette durée. Si Adrian était le père, il aurait été mis au courant. De ce fait, c’est une réalité que son ami se doit d’ignorer, car la colère aurait naturellement habité ses traits. Sans doute qu’elle aurait pu être victime de la cruauté de son ex-époux, de nature possessive, qu’importe s’il n’avait plus aucune affection pour elle. La déclaration de la jeune femme fait écrouler toutes les hypothèses qu’il s’était forgées dans son esprit. « Quand ? » Il questionne pour en savoir plus. Son ton est autoritaire, ses traits fermés. Il a du mal à y croire. Il est possible qu’elle lui mente même si ce n’est pas dans la nature de l’ex-épouse de son ami. Il ignore les questions de la jeune femme, bien que le contenu laisse entrevoir des faiblesses dans leur relation. Cela lui lacère la poitrine. Il a la sensation qu’un poignard s’est logé dans son cœur et qu’il prend un malin plaisir de le meurtrir d’autant plus. Il n’a que faire de la posture humble de la jeune femme. Il sait au fond de lui que cette suggestion évoquée, ni affirmée, ni infirmée, avive son plaisir. Une seule réponse peut ébranler la certitude qu’il éprouve et qui pourtant s’effrite doucement. Il espère au fond de lui que tout cela n’est qu’un tissu de mensonges.

(POST DE CAMÉLIA)

Elle parcoure les chemins de la ville avant de croiser la route de Sebastian. Elle aurait préféré ne plus jamais le revoir, pourtant il se tient là devant elle, à la toiser avec cet air surpris qu'il ne parvient pas à dissimuler. La transformation est telle qu'il ne peut qu'en être troublé. Elle tombe souvent sur des gens qui l'ignoraient encore, car le contrat signé avec Adrian stipulait qu'elle ne devait pas ébruiter la nouvelle. Elle comprend mieux désormais lorsqu'elle remarque la surprise dans les yeux de son ennemi. Il voulait qu'elle évite de la propager pour pas que Sebastian ne l'entende. Camélia n'a pas écarté cette règle de sa tête, car son ex-mari aurait pu la tuer si elle avait dérogé à cet accord. Elle n'a pas voulu prendre de risques, ni utiliser cette manière pour le revoir. Elle ne veut plus le croiser lui aussi. Alors elle crache cette vérité au jeune innocent, pour le mettre au courant, qui ne semble pas la croire de première vue. Lorsqu'elle lui offre des informations supplémentaires, la rage semble inonder son coeur. Tout ce qu'il parvient à répondre à ses questions, c'est une simple demande concernant la date de procréation. « Durant notre voyage à Bali. Il voulait qu'on reconstruise tout comme avant. C'était le premier jour. » Elle lui explique doucement. Elle voit bien que ses certitudes viennent de se fracasser, elle réussirait presque à le plaindre. Adrian n'est pas capable de rendre qui que ce soit heureux, cela relève de la logique qu'il ait encore raté son coup. « Je n'ai aucune raison de te mentir Sebastian. Je pensais vraiment que tu étais au courant. » Elle annonce sincèrement, car si une personne devait être au courant, c'est bien lui. Elle en est sans doute aussi étonnée que lui.

Le doute commence à l’assaillir face aux révélations qui lui sont faites. Il se trouve chamboulé par ce semblant de vérité qui commence à ébranler la confiance aveugle qu’il a envers son meilleur ami. Adrian n’aurait jamais osé taire un fait si important, malgré cela, Camélia est convaincu que le blond était au courant, lui en avait parlé. L’expression calme et fière de la jeune femme lui comprime la poitrine. Elle n’a pas besoin d’afficher une arrogance pour qu’il entrevoie un certain plaisir à avoir trouvé une faille dans la relation si exceptionnelle entre les deux hommes. Comme si l’amour, leur relation amoureuse a écarté leur amitié et lui a donné une position assez similaire à l’ancienne épouse : juste d’objets sexuels. Il n’en pense pas un mot. Il sait qu’il est plus que cela, mais la précision apportée par la future mère lui bousille le cœur, plante le poignard si profond que l’éclat de ses prunelles défaillent. La vérité éclate. Elle est fracassante en vue de leur histoire. Il lui a donné consciemment ce qu’elle voulait pour la garder, lui donner toute raison d’abandonner ces sentiments qu’il avait nourris à son égard. Désormais, il prend conscience qu’Adrian a manqué de sincérité à ce sujet. Ce silence est voulu, bien que les raisons lui échappent. Son cœur se comprime, l’émoi fait rage au creux de ses reins. Il sent qu’il perd le contrôle et il ne peut le tolérer face à cette femme, qui a toujours su lui faire douter de l’importance de leur lien. Cette femme qu’il exècre avec tant de force après avoir eu tant d’affection pour elle. Sa fierté se retrouve bafouée par cette histoire, son orgueil éclaté en mil morceaux. Il est incapable de répondre quoi que ce soit à la jeune femme. Il vient de perdre la face, comme un con et ses sentiments si puissants et si contradictoires lui font perdre la tête. Sans un mot, il s’éloigne d’elle. Il revient sur ses pas, le visage ferme, le pas vif, le cœur détruit. Il a juste envie de rentrer chez lui, chez eux, pour y verser toutes ces larmes qui affluent et qu’il contient. Il est si bouleversé que sa colère est profonde. Il a juste l’impression que tout n’est que mensonge, qu’il n’a plus cette place qu’il chérit tellement dans le cœur de son amant et cette réalité le brise totalement…